Le risque sismique en Poitou-Charentes

La région Poitou-Charentes n’est pas considérée comme une région particulièrement sismique en comparaison à d’autres régions françaises comme le Sud de l’Alsace, les Alpes, la Provence et les Pyrénées. De la même façon, la France métropolitaine présente une activité sismique modérée par rapport aux grandes provinces sismiques du globe terrestre comme le Japon, l’Iran, la Californie. Toutefois, traversée par de grandes failles profondes, la région Poitou-Charentes a néanmoins connu des séismes d’intensité non négligeable.

Carte de la sismicité instrumentale et historique de Poitou-Charentes

Sommaire de l’article :

L’origine des tremblements de terre

De tous temps les séismes ont impressionné les hommes. Au cours des siècles les théories pour les expliquer se succèdent, des causes naturelles aux messages divins. Le fonctionnement sismique de notre planète ne fut réellement compris que dans les années 1960 avec la découverte de la tectonique des plaques. La dérive de blocs rigides (les « plaques »), qui composent la première centaine de kilomètres de l’écorce terrestre, aurait pour origine la chaleur interne du globe évacuée vers la surface par de grands courants de convection. A des zones en expansion, au niveau notamment des dorsales océaniques, s’opposent, à l’autre bout des plaques, des zones de confrontations : passage d’une plaque océanique sous une plaque continentale selon un plan de subduction, confrontation de deux plaques continentales avec naissance de grandes chaînes de montagnes comme les Alpes et l’Himalaya.
Le mouvement des plaques se poursuit sans discontinuité engendrant des tensions dans la croûte terrestre. Ces tensions s’accumulent le long des grandes fractures de la croûte, souvent situées aux frontières des plaques. Finalement ces failles vont céder et coulisser brusquement engendrant des séismes. Cette rupture sismique relâche les contraintes tectoniques et rattrape le retard du mouvement des plaques. Puis la faille de nouveau bloquée se recharge   lentement et le cycle recommence.
Ces mouvements le long des failles engendrent en surface des dégâts plus ou moins importants qui peuvent être amplifiés par des configurations topographiques et géologiques particulières (effet de site).

Schéma effets de site

Les effets en surface, mesurés par l’intensité, résultent de la combinaison des effets de source   (vibrations sismiques émises lors du glissement de la dislocation), des effets de propagation (atténuation avec la distance, perturbation par les hétérogénéités des roches) et enfin des effets de sites (amplification par les terrains sédimentaires récents ou par la topographie).

Le risque sismique en Nouvelle-Aquitaine

La Nouvelle-Aquitaine a déjà été affectée par de nombreux séismes dans la période historique ou contemporaine.
Ainsi, le séisme de Bagnères de Bigorre en 1660, le séisme de Juncalas en 1750 et le séisme de Viella en 1923 ont montré des intensités supérieures à VIII (dégâts massifs, habitations vulnérables détruites) ; le plus récent est le séisme d’Arette en 1967, avec une magnitude de 5.3 qui a fait une victime et plus de 800 sinistrés, détruisant 80% des habitations du village.
Les séismes de Loudun en 1711, Bouin en 1799, Oléron en 1972 et Arudy en 1980 ont eu des intensité moindres mais néanmoins importantes à VI à VII (murs lézardés, chutes de cheminées).
La dernière séquence notable de séismes date de 2016 : Pau (M 4.0), Chinon (M 4.2) et La Rochelle (M 4.9).

La région Poitou-Charentes n’est pas située dans une zone de confrontation de plaques. En revanche, elle est traversée par d’importantes failles profondes héritées d’une grande chaîne de montagnes (la chaîne hercynienne), qui occupait une grande partie de l’Europe il y a environ 300 Millions d’années. L’expansion océanique au niveau de la dorsale atlantique repousse les continents américains et européens. Sur la marge continentale « passive », qui caractérise le littoral atlantique de la France, les contraintes s’accumulent. Même si ces dernières ne présentent pas l’intensité des zones de confrontation de plaques, les accidents profonds, comme les failles hercyniennes qui courent de la Vendée jusqu’au Massif Central, peuvent jouer brutalement.

La base de données SisFrance, qui répertorie les séismes ressentis sur le territoire français à partir de données historiques, recense en Poitou-Charentes 87 évènements d’intensité* comprise entre II (secousse à peine perceptible) et VII (dommages aux constructions) sur la période 1711-2001. Pour consulter la carte interrogeable de ces séismes (pour une information actualisée : voir le site www.sisfrance.net).

Quelques séismes majeurs de la Région Poitou-Charentes

Séisme du 6 octobre 1711

Il constitue l’événement majeur survenu aux confins de l’Anjou, du Poitou et de la Touraine. Plusieurs villages ont été gravement endommagés en Vienne, particulièrement Loudun et Moncontour avec une intensité épicentrale voisine de VIII sur l’échelle M.K.S.(destruction de bâtiments) à mi-distance de ces 2 localités.
A Loudun, plusieurs bâtiments sont tombés et la porte du Martray fut fortement ébranlée. A Saint-Jouin-de-Marnes, l’abbaye a été endommagée.
L’aire macrosismique très vaste s’étend de la Normandie aux Charentes et de la Bretagne au Limousin. En région Poitou-Charentes, ce phénomène a été perçu à La Rochelle, Rochefort, dans le marais poitevin, à Niort et à Saint-Maixent.

Séisme vendéen du 25 janvier 1799

Il représente par son ampleur et son intensité le séisme le plus important actuellement connu dans l’Ouest de la France. L’aire des effets macrosismiques s’étend au Cotentin, au Bassin   de Paris, à l’Auvergne et au Bordelais. Ce séisme se caractérise par un épicentre d’intensité VII-VIII (dommages aux constructions – destruction de bâtiments), localisé en mer, entre Bouin et Noirmoutier.

Séisme du 7 septembre 1972 à St-Pierre-d’Oléron

Secouant particulièrement l’île, ce dernier lézarda une quinzaine de maisons, fit tomber 400 cheminées, rompit des fils électriques… et se fit sentir jusqu’à Paris.

Quelques définitions

Schéma d’un séisme

L’intensité macrosismique permet d’évaluer l’impact d’un tremblement de terre en surface, sur les personnes, les biens et l’environnement. Elle se mesure à l’aide de l’échelle M.S.K. 1964 ou EMS98, qui compte 12 degrés. Chacun des degrés correspond à un « ressenti » ou à des effets sur les constructions ou l’environnement. Cette échelle est donc assez subjective et demande des vérifications, notamment sur l’état des constructions avant l’événement. Elle permet néanmoins de quantifier les séismes survenus au cours des siècles, à l’aide de la consultation de témoignages anciens dans les documents d’archives, et de constituer ainsi une base de données de sismicité historique.

La magnitude d’un séisme correspond à la quantification de l’énergie libérée et se mesure à l’aide d’appareils appelés sismographes qui sont localisés en réseau sur le territoire national depuis 1962. Ces appareils permettent également de repérer l’épicentre et le foyer du séisme. La notion de magnitude a été introduite en 1935 par l’Américain Charles-Francis Richter afin d’estimer l’énergie libérée au foyer des tremblements de terre californiens et de les comparer. On parle depuis de l’échelle de Richter. L’échelle ouverte des magnitudes est une échelle logarithmique fondée sur le calcul de l’amplitude maximale des ondes à 100 km du foyer : quand l’amplitude est multipliée par 10, la magnitude augmente d’une unité, l’énergie libérée est multipliée par 32.

Foyer : point d’origine de la rupture au sein de l’écorce terrestre engendrant le séisme.

Epicentre : point situé en surface du sol à la verticale du foyer.

Les ondes sismiques sont principalement de 2 types : des ondes qui compriment et détendent alternativement les roches, et des ondes qui cisaillent les roches. Les Premières (ou ondes P) font vibrer les roches dans la direction de la propagation, les Secondes (ou ondes S) les font vibrer dans la direction perpendiculaire. Les ondes de compression sont les plus rapides, se propageant en général à 5 ou 6 km/s. Les ondes de cisaillement sont plus lentes que les ondes de compression.

Le zonage sismique de la France établit une hiérarchie entre les diverses zones géographiques et quantifie le niveau sismique à prendre en compte dans chacune de ces zones. Ce zonage sismique, régulièrement actualisé, a été mis en place dans le cadre de la politique de prévention des catastrophes naturelles. Il conduit à la mise en œuvre de normes de construction particulières dans les zones identifiées comme étant à risque.

Ces zones de sismicité se répartissent en 5 classes :

  • III : Forte
  • II : Moyenne
  • Ib : Faible
  • Ia : Très faible mais non négligeable
  • 0 : Négligeable mais non nulle
Le zonage sismique de la France (2011)

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