Les ressources minérales et les carrières

De par sa grande variété de roches (magmatiques et métamorphiques dans les massifs armoricain et central, sédimentaires dans les bassins de Paris et d’Aquitaine), la région Poitou-Charentes fournit d’importantes quantités de matériaux de carrières.
C’est une activité économique loin d’être négligeable d’autant plus qu’elle est située en milieu rural. Elle entraîne toutefois des contraintes environnementales qu’il convient de gérer au mieux. Les exploitations font ainsi l’objet d’une réglementation qui conduit notamment à mettre en place dans chaque département un schéma des carrières.

Sommaire de l’article :

Mines ou carrières ?

Selon les articles 1 et 4 du Code Minier, on entend par carrière tout gîte de substance minérale ou fossile, renfermée au sein de la Terre ou existant à la surface, qui ne constitue ni une mine ni un gisement géothermique. Au sens de la réglementation (article 2 du Code Minier) une mine permet d’exploiter : hydrocarbures liquides ou gazeux, éléments radioactifs, sels, charbon, métaux (fer, cuivre, plomb….).

Cartes des carrières

Par décret du 9 juin 1994, les exploitations de carrières sont inscrites à la nomenclature des installations classées pour la protection de l’environnement. L’Etat a demandé que soit réalisé dans chaque département un schéma des carrières, dont le contenu a été défini par le décret du 11 juillet 1994. Il s’agit, dans le cadre de ces schémas, de recenser les ressources, les exploitations, les contraintes, et de mettre en place des préconisations pour limiter les nuisances et réhabiliter les sites.
La carte des matériaux que vous pouvez télécharger découle d’une synthèse réalisée à partir des 4 schémas départementaux de la région qui ont tous plus de 10 ans.

Les ressources de Poitou-Charentes

Du fait de sa position entre deux massifs de socle cristallin (armoricain et central) et entre deux grands bassins sédimentaires (parisien et aquitain), la région Poitou-Charentes bénéficie d’une grande variété de ressources.

Les territoires de socle

En Deux-Sèvres et plus marginalement en Charente et Vienne, ils fournissent des matériaux durs pour des granulats concassés de très bonne qualité et des pierres ornementales.

Exploitation des calcaires de Chauvigny (86)

Le Jurassique

Dans les bassins sédimentaires, le Jurassique inférieur à dominante argileuse est utilisé dans le bassin   de Roumazières (16) pour la fabrication de tuiles et briques. Le Jurassique moyen calcaire occupe la plus grande partie de la superficie régionale, de part et d’autre du Seuil du Poitou. Il fournit la matière première de l’importante cimenterie d’Airvault (79), ainsi que des granulats calcaires et des pierres de taille dont les plus réputées sont celles de Chauvigny (86) et de Vilhonneur (16). Le Jurassique supérieur renferme des niveaux gypseux, exploités pour la fabrication de plâtre dans le secteur de Cognac (16).

Gypse de Champblanc (16)

Le Crétacé supérieur

A sa base, l’alternance de sables, d’argiles et de calcaires est utilisée à la cimenterie de la Couronne (16). Les niveaux de calcaires sont aussi exploités pour la pierre de taille.
Le reste du Crétacé supérieur est essentiellement calcaire et a été intensément exploité dans le passé en carrière souterraine pour la pierre de construction (par exemple la pierre de Crazannes). Il existe toutefois au sein de ces formations quelques horizons sableux très purs extrêmement localisés, servant à la fabrication du verre. Les calcaires du sommet du Crétacé supérieur sont utilisés par la cimenterie de Bussac-la-Forêt (17).

Le Tertiaire

Il est composé par des argiles, des sables et des graviers plaqués sur les terrains plus anciens. Les argiles présentent des qualités intéressantes en dehors des potentialités offertes pour la fabrication de tuiles et briques. C’est le cas en Sud-Charentes pour les kaolinites, exploitées comme matière première pour la céramique et, en Vienne, pour la montmorillonite.

Le Quaternaire

Les dépôts les plus importants sont les alluvions des rivières formés de sables, de galets et de graviers constituant des ressources « nobles » en granulats. Quand leur matrice n’est pas argileuse, ces granulats fournissent en effet un matériau de qualité pour les travaux publics et pour les bétons.
Sur la côte, les argiles quaternaires des marais sont exploitées pour la production de tuiles et briques.
En mer, il existe aussi des gisements assez importants en granulats mais les permis d’exploitation les classent comme mines. La carte ci-après fait toutefois état des gisements connus.

Quelques chiffres

La construction d’une maison nécessite 100 à 300 t de matériaux. La réalisation d’un kilomètre de voie TGV utilise 10 000 t de granulats, celle d’un kilomètre d’autoroute 30 000 t et la construction d’un hôpital 20 000 à 100 000 t.
Ces quelques chiffres montrent l’importance de l’activité d’extraction de granulats pour l’économie nationale. Ce secteur représente en tonnage la part la plus importante de l’activité « carrière » en France, avec des besoins annuels de l’ordre de 350 à 400 millions de tonnes, soit environ 7 tonnes par habitant.

En Poitou-Charentes, l’extraction annuelle moyenne de 28 millions de tonnes de granulats permet de répondre aux besoins régionaux :

  • du bâtiment et des travaux publics (granulats calcaires ou éruptifs (magmatiques, métamorphiques), sables et graviers) ;
  • de la rénovation ou des constructions de prestige (pierre de taille) ;
  • de la fabrication de ciment (3 usines) ;
  • de tuiles et briques (bassin   de Roumazières [16], Champdeniers [79], Sanxay [86]) ;
  • de plâtre près de Cognac ;
  • d’argiles réfractaires dans les Charentes ;
  • de colorants pour l’industrie céramique avec les grès ferrugineux ;
  • de l’agriculture (sables dolomitiques   pour l’amendement) ;
  • de la pharmacie (montmorillonite).

Le nombre d’emplois directs est estimé à 1800 et indirects à 8200, principalement en zones rurales.
La grosse majorité des carrières sont à ciel ouvert mais cependant la région compte 9 carrières souterraines de pierre de taille en activité dans des terrains calcaires.
La région Poitou-Charentes fournit une part non-négligeable de la production nationale. Cette part dépasse 10 % pour certaines productions comme le ciment, les tuiles et briques, le plâtre, les argiles réfractaires. Cette activité est en effet largement exportatrice. N’oublions pas que le socle de la statue de la Liberté à New-York aurait été réalisé en calcaire de Chauvigny (86).

De l’exploitation à « l’après carrière »

L’ouverture ou l’extension d’une carrière doit faire l’objet d’un arrêté préfectoral précisant les modalités d’exploitation, sa durée et la production maximale autorisée. Le dossier de demande s’appuie sur une étude d’impacts répertoriant les enjeux environnementaux.

Pour les gestionnaires, que sont en particulier les services de l’Etat (DREAL), les orientations prioritaires, pour la protection de l’environnement, visent à implanter les carrières dans les secteurs les moins vulnérables et à les exploiter de manière à minimiser les impacts sur les paysages, la faune et la flore et leur habitat, les eaux superficielles et souterraines, les activités agricoles. La réduction des bruits, des vibrations, des poussières, des risques accidentels de projection en choisissant judicieusement les explosifs, font aussi partie des priorités.

Dans le dossier, le pétitionnaire doit présenter un schéma prévisionnel de remise en état du site après exploitation. Les carrières sont par ailleurs soumises à des garanties financières qui permettent d’assurer cette remise en état. Ce réaménagement peut prendre plusieurs formes :

  • plan d’eau pour les loisirs ou la fourniture d’eau potable ou à usage agricole ou industriel ;
  • remise en culture ;
  • remblaiement partiel ou total avec des déchets inertes issus des travaux du bâtiment et des travaux publics, puis végétalisation ;
  • site à vocation écologique ;
  • boisements.

Ce qui vaut pour les carrières en activité ou récemment abandonnées n’est pas valable pour les anciennes exploitations qui n’ont pas fait l’objet de telles procédures administratives. On trouve en effet de nombreuses carrières « oubliées », disséminées sur le territoire régional, certaines servant de dépotoir.

Ancienne carrière d’argile à Clérac (17)

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