Présentation du réseau régional
Dans la région Poitou-Charentes, une dégradation de la qualité de certaines nappes d’eaux souterraines a été constatée au cours des trente dernières années. La cause de cette dégradation est le développement des activités humaines et notamment de l’activité agricole intensive. Ce phénomène se traduit par des teneurs en nitrates et en produits phytosanitaires au-dessus du seuil de potabilité.
Par ailleurs, la présence de certains éléments d’origine naturelle avec des teneurs élevées par rapport aux normes pour l’usage « eau potable » est constatée.
Avant la mise en place du Réseau régional Poitou-Charentes en 2001, généralement seuls les contrôles sanitaires pour l’alimentation en eau potable (AEP ) permettaient d’observer la qualité des eaux souterraines . Or ces suivis ne sont représentatifs que de l’état qualitatif d’une partie de la ressource, car ils s’intéressent en priorité aux eaux distribuées qui satisfont qualitativement et quantitativement les besoins AEP . Par exemple, le suivi des captages AEP abandonnées pour des teneurs en nitrates supérieures à la limite de potabilité (50 mg/l) est arrêté. Ces contrôles sanitaires n’apportent donc qu’un échantillonnage partiel des eaux souterraines et conduisent à un état des lieux plutôt « optimiste » dans la mesure où les captages contaminés à problèmes qualitatifs sont abandonnés.
Depuis 2001, la mise en place du Réseau régional de suivi de la qualité des nappes permet de :
• Collecter à pas de temps régulier des échantillons d’eau souterraine pour analyses et de révéler une image de la qualité de l’eau et par la même occasion identifier les pollutions,
• Contribuer à orienter en conséquence les politiques de préservation de la qualité ou de la restauration sur le moyen ou le long terme,
• Juger de l’efficacité des politiques mises en œuvre en les réajustant si nécessaire.
Avec le Contrat de Plan 2000-2006 signé entre l’Etat et la Région, le BRGM Poitou-Charentes a été missionné pour mettre en place ce réseau régional de suivi et pour assister le maître d’ouvrage pour la gestion de ce réseau, l’interprétation et la synthèse des résultats. Dans le cadre du nouveau Contrat de Projet Etat-Région 2007 – 2013, cette mission a été reconduite avec les mêmes partenaires mais en intégrant plus étroitement les objectifs de la Directive Cadre sur l’Eau (DCE).
Depuis 2001 jusqu’en 2011, cette opération a été sous Maîtrise d’Ouvrage de la Région Poitou-Charentes mais ce dernier a souhaité abandonner ce rôle. Aussi, en 2012, le BRGM a repris provisoirement cette Maîtrise d’Ouvrage pour assurer la continuité du réseau et se laisser le temps de trouver une solution ; ce qui n’a pas été le cas. A partir de 2013 une partie des points suivis sera donc abandonnée ainsi que 2/3 des analyses. Il ne subsistera que les réseaux Loire-Bretagne et Adour-Garonne dans le cadre de la DCE.
L’originalité de ce réseau était en effet d’être fédérateur et de donner une vision régionale de la qualité des eaux souterraines . De plus, devant la forte problématique qualité, il permettait de suivre une grande quantité de molécules phytosanitaires avec une périodicité des analyses bien plus dense que dans le strict cadre DCE.
Le BRGM s’appuie sur les compétences de la Fédération Régionale de Défense contre les Organismes Nuisibles (FREDON) pour l’interprétation des analyses de pesticides et pour l’actualisation du choix des molécules à analyser.
Les prélèvements et les analyses font l’objet d’une convention parallèle avec des prestataires choisis par appel d’offres.
- Carte des points du réseau de suivi de la qualité des nappes
Les points du réseau
Depuis 2009, le réseau régional comprend 107 points :
• 47 points se localisent dans le bassin Loire-Bretagne,
• 60 points sont dans le bassin Adour-Garonne.
Ce réseau est fédérateur dans la mesure où il regroupe des points suivis dans des cadres différents. En effet, on distingue les objectifs suivants :
- RCS : Réseau de Contrôle de Surveillance - fourni une image cohérente et globale de l’état chimique des eaux souterraines de chaque district hydrographique et permet de détecter la présence de tendances à la hausse à long terme de la pollution induite par l’activité anthropogénique (Cahier des charges pour l’évolution des réseaux de surveillance des eaux souterraines en France, 2005).
- RCO : Réseau de Contrôle Opérationnel - (programme défini suivant les résultats de la caractérisation des masses d’eau et du programme de contrôle de surveillance) permet « d’établir l’état chimique de toutes les masses d’eau ou groupes de masses d’eau souterraine recensées comme courant un risque, établir la présence de toute tendance à la hausse à long terme de la concentration d’un quelconque polluant suite à l’activité anthropogénique » et informer dès renversement de ces tendances à la hausse (Cahier des charges pour l’évolution des réseaux de surveillance des eaux souterraines en France, 2005).
- POC : Réseau complémentaire permettant de suivre des problèmatiques régionales plus locales.
Un même point peut appartenir à ces trois types avec par exemple des analyses réalisées pour répondre aux objectifs de la DCE (RCO et RCS) complétées par des analyses supplémentaires spécifiques au réseau régional.
La carte des points de prélèvements ci-dessus présente les principales caractéristiques du réseau (type de nappe (libre, captif ou karstique ), aquifère global capté et numéro d’ordre du point dans le réseau).
Le réseau régional est constitué de points AEP en activité, suivis également par l’Agence Régionale de Santé (ARS) dans un objectif sanitaire, d’anciens points AEP abandonnés (en l’absence d’équipement opérationnel, l’eau est pompée suffisamment longtemps de façon à obtenir un échantillon représentatif et la stabilisation des paramètres), de points d’eau industrielle ou de particulier.
Les analyses réalisées en 2011
Les mesures in situ
Les paramètres mesurés sur le terrain sont : conductivité, oxygène dissous, pH, potentiel REDOX, TAC, température.
Ces mesures sont complétées par des observations consignées dans le bordereau de prélèvement . Les prélèvements sont réalisés après constat de la stabilisation des différents paramètres mesurés in situ et après pompage dans le cas d’ouvrages non équipés. Pour ces derniers, le temps de stabilisation peut aller de 30 minutes à plusieurs heures pour les ouvrages non (ou plus) exploités qui nécessitent un pompage plus long.
Un contrôle des teneurs en chlore permet de s’assurer que les échantillons prélevés correspondent bien à une eau non-traitée.
Les analyses hors phytosanitaires en laboratoire
Les analyses réalisées en laboratoire hors paramètres pesticides sont présentées dans le tableau ci-dessous.
- Tableau des paramètres recherchés hors phytosanitaires
Les analyses des phytosanitaires
La liste des pesticides du tableau ci-dessous présente les 69 molécules analysées pendant toutes les campagnes pour les points libres et karstiques . La recherche de ces molécules a été supprimée pour la majorité des points des nappes captives depuis 2007, car aucun pesticide n’avait été trouvé depuis 2001 (teneurs inférieures au seuil de quantification).
L’évolution rapide de la législation et des pratiques nécessite une recherche assez large des pesticides. Pour cette même raison, cette liste est actualisée tous les ans en fonction de ces évolutions. A l’inverse, compte-tenu des temps de transfert vers les eaux souterraines , les substances qui ne sont plus autorisées sont maintenues dans le suivi.
En 2012, le nombre de paramètres recherchés a considérablement augmenté puisqu’il a dépassé 200 molécules. En effet, la gamme des molécules utilisées s’accroît chaqu’année. De plus chaque molécule se dégrade en plusieurs molécules filles qui elle-mêmes peuvent aussi se dégrader.
- Tableau des molécules phytosanitaires recherchées en 2011
Fréquence des prélèvements
On distingue les points de type « karstique ’ sur lesquels sont faits 8 prélèvements par an (10 jusqu’en 2009), les points »libres" avec 4 prélèvements par an et les points en nappe captive avec 2 prélèvements par an (hautes et basses eaux). Ces fréquences sont fonction de la rapidité des transferts souterrains (et donc des transferts des polluants), les circualtions dans les conduits karstiques se faisant plus rapidement que dans un milieu à porosité de matrice ou de fissures.
Dans le cadre de la DCE, ces fréquences sont réduites à 2 prélèvements par an pour les points « karstiques » et « libres », et à 1 prélèvements pour les points « captifs ».
Les analyses sont stockées dans la base ADES (www.ades.eaufrance.fr) avec une périodicité de 6 mois environ.
- Nombre d’analyses stockées en base (ADES) depuis l’origine du réseau