Le suivi de la qualité des nappes en Poitou-Charentes
Le réseau régional
Devant la dégradation de la qualité des nappes d’eau souterraines (nitrates et phytosanitaires*) et la présence dans l’eau d’éléments indésirables d’origine naturelle, la Région Poitou-Charentes, en partenariat avec le BRGM et les Agences de l’eau*, s’est dotée, dès 2001, d’un réseau de surveillance* qui comporte en 2011 107 points d’eau (qualitomètres*) intéressant la totalité des nappes de la région. Il se caractérise par un nombre important d’analyses (jusqu’à 8 par an sur certains points) et par la recherche d’une grande quantité de molécules phytosanitaires* (plus de 200). Il fédère les réseaux des 2 agences de l’eau mis en place dans le cadre de la Directive Cadre sur l’Eau* et un réseau régional complémentaire.
Les analyses physico-chimiques sont consultables sur : SIGES ou Ades. Les fiches synthétiques pour chaque qualitomètre sont accessibles à l’article ….
- Le réseau régional de suivi de la qualité des aquifères en Poitou-Charentes
Bien réparti sur le territoire régional, ce réseau donne un état de la ressource souterraine en ce qui concerne la qualité des eaux à la fois d’origine naturelle comme d’origine anthropique.
En effet, une eau souterraine dénuée d’impact de pollutions anthropiques n’est pas forcément potable. Les eaux profondes, peu renouvelées, présentent en général une minéralisation (salinité) excessive pour leur consommation par l’homme. En Poitou-Charentes les eaux « semi-profondes » peuvent présenter des éléments indésirables qui les rendent impropres à la consommation, comme le fluor, l’arsenic ou le sélénium. Le graphe ci-dessous illustre l’exemple de l’arsenic dont l’existence naturelle, fréquente dans les eaux souterraines , est liée au lessivage des terrains de socle (pour la nappe de l’Infra-Toarcien) ou à la présence de matière organique (pour la nappe du Cénomanien).
- Teneurs élevées en Arsenic (en µg/l) mesurées sur quelques qualitomètres
En ce qui concerne les impacts anthropiques, les teneurs en nitrates dans les eaux sont particulièrement surveillées. Quand les données le permettent, des bilans massiques peuvent être faits, comme c’est le cas ci-dessous pour les sources de la Touvre (16). Ce graphe superposant flux de nitrates (en rouge) et débit (en bleu) montre l’impact du climat sur les fluctuations des teneurs. Le déficit en pluie de 2005 conduit cette année là à une diminution des lessivages et donc des teneurs en azote. Mais les quantités de nitrates « manquantes » se retrouvent en 2006 suite aux pluies du printemps. En moyenne il passe environ 4500 tonnes de nitrates par an à ces sources.
- Evolution des concentrations (courbe verte) et estimation des flux massiques en nitrates et des débits aux sources de la Touvre (16)
La particularité du réseau régional est le nombre de molécules suivies en matière de phytosanitaires et la fréquence élevée des analyses (jusqu’à 8 par an). Sur la synthèse ci-dessous de l’évolution des quantifications en phytosanitaires* sur l’ensemble des points du réseau de 2001 à 2011, on voit l’impact de l’interdiction en 2003 de l’atrazine et de la simazine, avec une baisse significative de ces produits mais en revanche une augmentation des teneurs en produits de leur dégradation (déséthylatrazine…).
- Evolution des quantifications des phytosanitaires des qualitomètres du réseau sur la période 2001/2011
- Point du réseau : ancien forage (82 m de profondeur) pour l’eau potable des « Vaux » (Les Aubiers, 79)
La surveillance sanitaire des eaux potables
L’Agence Régionale de Santé (https://www.nouvelle-aquitaine.ars….) a en charge le contrôle sanitaire des eaux en application du Code de la santé publique. Ce contrôle s’exerce sur les eaux avant (eaux brutes*) et après traitement selon une fréquence et une typologie d’analyses fonction des quantités prélevées et de la vulnérabilité* de la ressource. Les résultats d’analyses sont affichés en mairie et une fiche d’information annuelle est annexée à la facture d’eau.
- Point du réseau qualité : captage pour l’eau potable de Seneuil (Le Chillou, 79)
La surveillance des installations classées
La surveillance des eaux souterraines constitue depuis plusieurs années l’un des thèmes d’action importants de l’inspection des installations classées*. Elle a été inscrite dans le premier Plan National Santé Environnement*. Deux champs sont à distinguer : celui des sites inscrits dans la base de données des sites et sols pollués (Géorisques) et celui des installations en fonctionnement qui sont susceptibles, compte tenu des procédés industriels et des produits manipulés, de polluer* les eaux souterraines . En ce qui concerne Poitou-Charentes une cinquantaine de sites font l’objet d’une telle surveillance.
http://www.environnement-poitou-cha…
- Site industriel en Poitou-Charentes
Connaître l’historique des activités potentiellement polluantes tel est le rôle de BASIAS qui :
• Recense tous les sites industriels abandonnés ou non, susceptibles d’engendrer une pollution de l’environnement
• Conserve la mémoire de ces sites
• Fournit des informations utiles aux acteurs de l’urbanisme, du foncier et de la protection de l’environnement
- Ecran d’interrogation des sites d’une commune dans BASIAS
http://basias.brgm.fr
- Nombre de sites inventoriés par commune dans le département des Deux-Sèvres
GéoRisques (anciennement BASOL) est la base des sites dont la pollution est avérée. Elle recense une centaine de sites pollués en Poitou-Charentes qui font l’objet de diagnostic, de réhabilitation ou de surveillance afin de prévenir et de maîtriser les nuisances pour les populations riveraines et l’environnement.
https://www.georisques.gouv.fr/risq…
• Le Maire qui veut construire une école
• L’Agence de l’Eau qui doit protéger un captage
• Les notaires et les détenteurs des sites, actuels ou futurs, pour toutes transactions immobilières
• …
Le suivi quantitatif des aquifères en Poitou-Charentes
Le réseau régional
Afin d’améliorer la connaissance du fonctionnement des eaux souterraines , la Région Poitou-Charentes a décidé de mettre en place un réseau de puits et de forages permettant de mesurer le niveau des nappes , encore appelé « niveau piézométrique »*. Ce réseau est constitué actuellement de 115 points d’eau*, équipés pour un suivi automatique des niveaux, répartis dans les quatre départements ; les premiers points ont été mis en service au second semestre 1992.
- Stations piézométriques du réseau régional
Toutes les stations piézométriques de la région comprennent :
•une centrale autonome d’acquisition de mesures reliée au central informatique par le réseau téléphonique,
•un capteur de pression immergé dans le forage ou le puits en dessous du niveau d’eau le plus bas observé.
Ce réseau de piézomètres* permet de suivre la recharge des nappes en hiver et l’impact des prélèvements en particulier en été.
Les données sont consultables sur http://www.piezo-poitou-charentes.org/ ou https://ades.eaufrance.fr/
- Station piézométrique de Fontgrives (bassin du Pamproux, 79)
Tous les piézomètres* du réseau régional, y compris les plus profonds en nappe captive, présentent des cycles annuels de recharge hivernale et vidange estivale. Il peut exister cependant des cycles plus longs qui se superposent aux cycles annuels comme c’est le cas sur le piézomètre de Lamoinie (nappe du Dogger) dans le bassin de la Dive du Nord (86) (cf. graphe ci-dessous).
- Chronique du piézomètre de Lamoinie (Dive du Nord, 86) montrant des cycles pluri-annuels
Les réseaux complémentaires
De nombreuses structures réalisent leur propre suivi du niveau des nappes . On peut citer en particulier le Conseil Général de la Charente, l’Institution Interdépartementale du Bassin de la Sèvre-Niortaise (IIBSN), le Syndicat des eaux de la Charente-Maritime, le BRGM, jusqu’à une date récente la Chambre d’Agriculture de la Vienne et l’Association des irrigants du Turonien en Charente.
Le suivi des débits des cours d’eau
- Stations de mesure des débits des cours d’eau
En Poitou-Charentes, le suivi des débits des rivières est indissociable et complémentaire du suivi des niveaux des nappes . Les Services Prévisions des Crues* Littoral Atlantique, Vienne-Thouet et Dordogne, depuis 2007, suivent les variations de débit des cours d’eau sur le territoire régional, grâce à environ une cinquantaine de stations de mesure réparties sur les principaux cours d’eau de la région.
- Enregistrement des hauteurs d’eau du Pamproux (79)
Un important travail de terrain (maintenance des stations et réalisation de jaugeages*) permet de garantir la fiabilité des données. Le calcul des débits à partir de la mesure des hauteurs d’eau nécessite de réaliser régulièrement des profils de mesure de la vitesse de l’eau à travers la rivière (ci-dessous profil en travers du Clain (86)). Ces mesures permettent d’établir la courbe de tarage du cours d’eau au point de suivi.
- Mesures de jaugeage dans le Clain (86)
Une quarantaine de ces stations sont utilisées à des fins de police de l’eau, dans le cadre des plans d’alerte qui entrent en vigueur en situation de crise, aussi bien pour les inondations que pour les sècheresses. Dans ce dernier cas, des valeurs de Débit d’Objectif d’Etiage (DOE* = débit moyen mensuel au-dessus duquel sont assurés la co-existence de tous les usages et le bon fonctionnement du milieu aquatique) et des Débits de Crise (DCR* = débit au-dessous duquel sont mises en péril l’alimentation en eau potable et la survie des espèces présentes dans le milieu) sont institués et inscrits dans les SDAGE*.
Une fois validés, les débits moyens journaliers sont stockés dans la banque nationale HYDRO du Ministère en charge de l’environnement qui permet de calculer des données hydrologiques statistiques. Les données sont disponibles sur le site : http://www.hydro.eaufrance.fr/.
Depuis 1990, les brigades du Conseil Supérieur de la Pêche (C.S.P., devenu ONEMA* suite à la loi sur l’eau et les milieux aquatiques de 2006) recensent chaque été les linéaires de cours d’eau asséchés, quelle que soit l’origine de l’assèchement (assèchement total, rupture d’écoulement, réduction du débit) et les conséquences qui en découlent (eutrophisation, mortalité piscicole). Ces observations et le développement de l’irrigation ont amené le Conseil Supérieur de la Pêche (C.S.P.) à mettre en place en 2000 un Réseau Départemental d’Observation des Ecoulements (R.D.O.E.), harmonisé selon un protocole identique sur la région. La nature des observations est ainsi passée d’un suivi des linéaires de cours d’eau à un suivi ponctuel. En 2006, environ 342 points étaient suivis sur les cours d’eau de la région : 74 en Charente, 100 en Charente-Maritime, 70 en Deux-Sèvres et 98 en Vienne. Les mesures sont toujours réalisées durant la période d’étiage . En complément du RDOE, des campagnes de suivi des linéaires de cours d’eau sont également menées, deux fois par mois par les Fédérations pour la Pêche et la Protection des Milieux Aquatiques de Poitou-Charentes, associées au Syndicat intercommunal d’aménagement hydraulique du bassin du Né et au Syndicat Mixte du bassin de l’Antenne.
Le régime des cours d’eau de Poitou-Charentes est de type pluvial, caractérisé par des hautes eaux hivernales et des basses eaux estivales. La plupart des cours d’eau présentent des crues de plaine, qui se traduisent par une montée des eaux progressive et une submersion prolongée. Cependant les rivières issues des massifs cristallins, notamment la Gartempe et le Thouet, présentent un régime torrentiel aux crues soudaines. Les étiages naturels peuvent être sévères, notamment les années où la recharge hivernale a été faible. Les longueurs d’assèchement peuvent être importantes surtout dans les parties amont des bassins versants. Ces situations critiques sont aggravées par les prélèvements d’eau.
Un certain nombre de rivières de Poitou-Charentes présentent à l’amont de leur bassin versant des stockages artificiels d’eau. Les barrages les plus importants sont énumérés dans ce tableau ci-dessous. Ils permettent de soutenir les étiages de la Charente (Lavaud et Mas Chaban), de la Sèvre-Niortaise (Touche-Poupard) ou du Thouet (Cébron). On peut aussi citer la Vienne dont le débit estival est artificialisé par les stockages amont (Vassivière, 106 Mm3). Les lâchers des barrages représentent une part en général importante des débits d’étiag*e de ces rivières. En dehors des soutiens d’étiage *, des débits peuvent être réservés pour l’alimentation en eau potable ou l’irrigation.
- Les principaux barrages de Poitou-Charentes