Les retenues de substitution

D’un point de vue strictement hydrogéologique, les projets de stockage d’eau l’hiver pour en économiser l’été vont dans le bon sens… mais pas dans tous les cas.

Photo d’une retenue

En Poitou-Charentes de nombreux programmes de retenues se sont mis ou se mettent en place. Il s’agit de stocker de l’eau en hiver, en prélevant dans les rivières ou dans les nappes   (le plus fréquent) pour l’utiliser pour l’irrigation au printemps et en été. Ces retenues de substitution sont en règle générale « non-colinaires »*, d’une capacité de stockage unitaire de quelques centaines de milliers de m3, étanche, collectives.

En fonction de la taille de la retenue et du volume stocké, la création d’une retenue nécessite une étude d’incidence ou d’impact qui doit estimer notamment l’impact des prélèvements hivernaux sur le débit des cours d’eau. La création d’une retenue est donc assortie de mesures qui doivent limiter cet impact : suivi des débits des rivières et niveaux des nappes  , encadrement des périodes de remplissage, mise en place de seuils (débit de rivière, niveau de nappe  ) déclenchant ou arrêtant le remplissage, mise ne œuvre de mesures compensatoires… S’ajoutent à ces impacts sur le milieu naturel, des problématiques techniques liées à la réalisation de la retenue : étanchéité de la retenue, terrassements dans les zones sensibles (impact sur les captages pour l’eau potable, existence de karsts…), nécessité de prévoir éventuellement un volume de lestage pour les risques de remontée de nappe  

D’un point de vue hydrogéologique, la mise en place de retenues est adaptée aux secteurs où la nappe   a une faible inertie. C’est le cas notamment dans le Jurassique supérieur (Nord des charentes, Sud Deux-Sèvres) où l’eau circule rapidement dans le réseau superficiel de fissures. Le maximum d’incidence d’une pluie sur la nappe   est de l’ordre du mois pour ce type de nappe  . Ainsi l’incidence d’un prélèvement   hivernal pour le remplissage ne se fait pas sentir sur les débits des rivières en été. En revanche, ces retenues sont moins adaptées aux nappes   à inertie moyenne à forte (maximum d’incidence d’une pluie supérieur à 6 mois) comme la nappe   captive de l’Infra-Toarcien ou la nappe   libre du Dogger dans le bassin   de la Dive-du-Nord. Ces nappes   constituent en effet des stockages naturels et un prélèvement   hivernal dans celles-ci peut impacter significativement le débit d’étiage   d’une rivière.

D’un point de vue géologique, les calcaires karstiques   peuvent poser problème du fait du « débourrage » brutal de conduits. L’expérience de la retenue de Vivonne qui s’est vidée brutalement au cours de son remplissage (plus de 90 000 m3) conduit à la prudence dans ce type de formations géologiques. Dans ce type de formations, les projets nécessitent des études géotechniques sérieuses.

Chronique du piézomètre de Forges
Source des données : Région Poitou-Charentes/ORE

Le remplissage d’une retenue est en général contraint par arrêté instituant une période de remplissage et des seuils correspondant à des débits de rivière ou des niveaux de nappe  . Sur le graphe ci-dessus, le piézomètre   de Forges (nappe   du Jurassique supérieur, bassin   du Curé en Charente-Maritime) a été proposé pour fixer des seuils variables en fonction des mois de manière à permettre le commencement du remplissage dès octobre, si le niveau de la nappe   est élevé, et à l’autoriser en mars si la nappe   est « pleine ». Ces modalités de gestion à l’aide de piézomètre  (s) s’accompagnent en général de contraintes de débits en cours d’eau.

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