Les acteurs de l’eau

De nombreux acteurs participent en Poitou-Charentes à la connaissance, au suivi quantitatif et qualitatif et à la gestion des eaux souterraines  , conformément à la réglementation nationale et à la directive   cadre européenne.

Sommaire de l’article :

Savoir pour prévoir

La gestion des eaux souterraines   concerne aussi bien leur état qualitatif que quantitatif. Le suivi des prélèvements incombe aux Agences de l’eau* qui stockent les données déclarées par les préleveurs (syndicats d’eau potable, agriculteurs, industriels…). Les services déconcentrés du ministère en charge de la santé (Agence Régionale de Santé) sont chargés du contrôle sanitaire des eaux* brutes* destinées à la production d’eau potable*, des eaux distribuées et des eaux embouteillées, ainsi que de l’instruction des procédures de DUP* des captages utilisés pour l’alimentation en eau potable  . Le BRGM, par convention avec l’Etat, et plus particulièrement avec l’ONEMA*, a en charge le suivi piézométrique   (état quantitatif). Toutefois, certaines collectivités ont souhaité conserver ce rôle, comme c’est le cas en Poitou-Charentes pour le Conseil Régional. Certaines structures ont mis en place des réseaux de suivi du niveau des nappes   complémentaires : syndicat des eaux de la Charente Maritime, Conseil général de la Charente… Le Conseil régional a aussi assumé de 2001 à 2011 la maîtrise d’ouvrage du réseau de suivi de la qualité des eaux souterraines  , en partenariat avec les 2 Agences de l’eau, ce qui a permis de bénéficier d’un réseau particulièrement dense en matière de points suivis et d’analyses réalisées (notamment vis-à-vis des phytosanitaires), ce qui le rendait exceptionnel en France.

Ce suivi est alimenté grâce à des mesures de terrain, sans cesse actualisées, associées à des modélisations qui permettent d’évaluer les risques*. Ces données sont nécessaires à une bonne gestion locale. Elles le sont aussi pour répondre aux exigences de la directive   cadre européenne sur l’eau*. Enfin, la récolte d’information est également importante à l’échelle planétaire car l’eau appartient au patrimoine de l’humanité et la France doit rendre des comptes dans le cadre de conventions internationales. Ces différents stades de données et de connaissances font intervenir de nombreux acteurs de l’Etat : établissements publics de recherche, agences de l’eau, collectivités, opérateurs de terrain… qui doivent aujourd’hui se mobiliser et se coordonner, et donc pouvoir accéder facilement aux données.

Circuit des données piézométriques du terrain à la diffusion sur internet

En ce qui concerne par exemple le suivi de la qualité des eaux, qui comportait 107 points en 2012 pour le réseau régional auxquels il faut ajouter les captages AEP   faisant l’objet d’un suivi sanitaire, Poitou-Charentes présente une densité moyenne de points par rapport à la situation nationale. La répartition des points est assez homogène dans la région comme on peut en juger sur la carte ci-dessous.

Carte des réseaux de suivi de la qualité des nappes

Une organisation en poupées russes

L’hydrogéologue, qui relève les mesures sur le terrain, constitue le premier maillon de la chaîne des acteurs. A l’heure actuelle, les équipements installés permettent la télétransmission des données depuis la plupart des points d’observation des nappes  . Mais ces derniers sont nombreux et peuvent appartenir à des réseaux différents. Ne serait-ce que dans le domaine de la mesure quantitative de la ressource, les piézomètres sont suivis par divers maîtres d’ouvrage. Le réseau national de surveillance de l’état quantitatif des eaux souterraines   correspond à l’agrégat supérieur et est sous la responsabilité du ministère en charge de l’environnement. Dans un souci de clarifier la situation et de limiter le nombre d’interlocuteurs, ce dernier a souhaité mettre ces réseaux sous l’égide de l’ONEMA* avec une gestion « technique » nationale confiée au BRGM. Les informations recueillies viennent enrichir la banque nationale des données sur les eaux souterraines   (ADES).

Dans plusieurs régions, dont Poitou-Charentes, des systèmes d’information pour la gestion des eaux souterraines   (SIGES) rassemblent et synthétisent les données régionales. Ces informations sont accessibles par internet.

Tout est lié

La DCE* s’adresse à toutes les eaux : de surface* (côtières, fluviales et lacustres  ) comme souterraines*. Elle vise une gestion intégrée de la ressource en eau étroitement liée à la notion de développement durable*. L’objectif fixé par la DCE, l’atteinte du bon état* chimique et écologique des masses d’eau d’ici 2015, nécessite de développer des relations avec d’autres acteurs impliqués dans l’aménagement du territoire, l’agriculture, le transport, l’urbanisme, etc…
La préservation du milieu marin fait appel aux chercheurs de l’IFREMER ; la protection des sols ou la réduction des polluants agricoles aux chercheurs de l’INRA et d’IRSTEA, tandis que le traitement de la pollution des sols impliquera des ingénieurs de l’INERIS. Tous ces organismes, ainsi que le CNRS, les universités, les écoles des mines… mènent des travaux au sein de programme interdisciplinaires de recherche sur l’environnement. Quant à l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA), la thématique de l’eau potable constitue l’une de ses orientations stratégiques, tandis que l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (AFSSET) anime l’observatoire des résidus de pesticides (ORP) et veille sur les dangers nouveaux ou mal maîtrisés liés au grand cycle de l’eau.

L’avenir des eaux souterraines  

Sur le long terme, on s’aperçoit que les améliorations de l’état du cycle de l’eau sont surtout dues aux traitements des rejets ponctuels, urbains et industriels. Les dégradations actuelles proviennent principalement des pollutions diffuses agricoles qui sont cependant en voie de stabilisation. Mais la présence de micropolluants toxiques, chimiques ou biologiques, constitue un nouveau problème très préoccupant. Les dégradations, bien que moins spectaculaires qu’auparavant, présentent un caractère chronique et les améliorations ont atteint une phase asymptotique qui n’est que rarement celle du bon état des milieux préconisé par la DCE.

Sur le plan quantitatif, on constate une surexploitation de la ressource souterraine qui est préjudiciable particulièrement en Poitou-Charentes à l’état des cours d’eau. Les épisodes chroniques de sècheresse révèlent de façon aiguë des conflits d’usage estivaux entre les différents utilisateurs de l’eau (distributeurs d’eau potable, agriculteurs, ostréiculteurs, pêcheurs, tourisme…).

Pourtant, en ce début du XXIe siècle, la preuve de l’importance des eaux souterraines   n’est plus à apporter. Considérées comme le « patrimoine commun », elles doivent être gérées dans un souci de développement durable. En dehors de la réglementation, qui ne manque pas et qu’il suffit de mettre en œuvre, la recherche a également son rôle à jouer : améliorer la connaissance de l’écoulement des eaux du sous-sol et de la circulation des polluants, quantifier le bon état écologique, anticiper les effets du changement climatique, évaluer les impacts des activités humaines, détecter les polluants émergents et évaluer leurs risques sur la santé…

Protéger les eaux souterraines   est un investissement à long terme. Du fait de leur inertie il faudra plusieurs générations avant que certaines nappes   retrouvent leur qualité. Une raison de plus pour commencer maintenant.

Dessin illustrant des cas de pollution de nappe
La DCE prévoit d’identifier le mauvais état chimique d’une masse d’eau et d’en inverser la tendance significative et durable à la hausse, sans oublier de prendre en compte les pollutions ponctuelles.

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