Mise en place du projet : étude et protection des gallaselles et de leurs habitats aquatiques souterrains en Poitou-Charentes

La Gallaselle est un petit crustacé endémique des eaux souterraines   du grand centre-ouest de la France et classée «  vulnérable  » sur la liste rouge nationale des espèces menacées (UICN-MNHN 2012).

En 2012, l’ex-DREAL Poitou-Charentes a missionné l’association Poitou-Charentes Nature pour réfléchir à un plan de protection et de sauvegarde de la Gallaselle. Cependant, l’association a mis en avant le besoin d’études complémentaires pour mieux connaître sa répartition, mais aussi la nécessité de prendre en compte ses habitats (milieux aquatiques souterrains) et la faune associée (stygofaune) avant d’envisager la mise en place de mesures de protections adaptées et concrètes.

Ce projet, porté par Poitou-Charentes Nature, a été soutenu financièrement par l’association LISEA Biodiversité, l’Agence de l’eau Adour-Garonne, par l’ex Région Poitou-Charentes et par l’ex DREAL Poitou-Charentes.

La Gallaselle a été découverte en 1955, dans la rivière souterraine   de Bataillé – cours d’eau souterrain de la Somptueuse (ancienne commune de Gournay-Loizé, Deux-Sèvres) – par Gabriel Heily, spéléologue poitevin et technicien CNRS à l’université de Poitiers. L’année suivante, elle est officiellement décrite par Jean-Jacques Legrand (directeur du laboratoire de biologie animale de Poitiers) et baptisée Asellus heilyi en l’honneur de son découvreur.
Ce n’est qu’en 1970, suite à des nouvelles collectes à Bataillé, qu’elle fut réétudiée et placée dans un nouveau genre taxonomique appelé Gallasellus (étymologiquement, « Aselle de Gaule ») pour mieux rendre compte de son caractère endémique.

Les objectifs du projet

Les objectifs principaux du projet étaient  :

1/ Protection et sauvegarde de la Gallaselle
L’inventaire de la stygofaune du Poitou-Charentes doit permettre de mettre en avant plusieurs sites d’intérêt, pour la mise en œuvre d’actions de protection de l’espèce (sur le plan pratique et par des actions de communication).

2/ Inventaire de la stygofaune régionale
Les connaissances de la stygofaune en France sont inégalement réparties sur le territoire, et certaines régions comme l’ouest, ont un réel défaut de données en matière de faune aquatique souterraine. Le grand centre-ouest représente donc un «  zone blanche  » et sa stygofaune nécessite donc d’être répertoriée.

3/ Bio-indication et qualité des eaux souterraines  
Les hydrosystèmes souterrains sont des milieux naturels très sensibles aux activités humaines dont les pollutions à la surface du sol. Les espèces qui les peuplent aujourd’hui sont le reflet de multiples influences. Certaines espèces sont ainsi dites polluo-sensibles, et peuvent être utilisées comme sentinelles du bon fonctionnement de ces milieux.
Le croisement des données relatives à la qualité des eaux souterraines   avec la présence ou l’absence des espèces collectées devrait permettre, à terme, d’apporter de nouveaux éléments et outils en matière de bio-indication sur la qualité des eaux et les habitats souterrains. 

Pour atteindre ces objectifs, le projet a été découpé en deux volets  :

  • Une prospection de terrain en vue de mieux cerner la répartition et l’abondance des populations de gallaselles,
  • Des analyses de laboratoire en vue de cibler les préférences écologiques de l’espèce, de retracer les liens phylogénétiques entre les populations et de caractériser la faune associée et ses habitats.

Méthodes et moyens mis en œuvre

Pour mener à bien ce projet, plusieurs étapes ont été réalisées pour s’assurer du bon déroulement de l’étude  :

• Formation des partenaires aux techniques d’échantillonnage et aux méthodes spéléologiques de prélèvement   (participation de la communauté spéléologique régionale) ;

• Réalisation de rencontres inter-partenariales pour promouvoir le projet auprès des partenaires et pour avoir un retour d’expérience dans certains domaines spécialisés ;

• Détermination de la stratégie à adopter en prévision du travail de terrain.

La méthodologie du travail de terrain a été identique pour chacun des sites prospectés, la seule différence réside dans les techniques et outils de prélèvements selon la nature du site (source  , captage   AEP  , fontaine, cavité souterraine, etc…). La procédure consistait à échantillonner la faune de chaque site, tout en effectuant des mesures des paramètres physico-chimiques du milieu (température, pH, concentration d’éléments spécifiques, conductivité, …). Les spécimens prélevés ont subi un conditionnement spécifique dans l’alcool (70% minimum) afin d’être étudiés en laboratoire (analyses morphogénétiques).

L’habitat a été catégorisé suivant 4 types  : source  , nappe   souterraine, rivière souterraine   et lit hyporhéique des cours d’eau de surface (sous-écoulement).

À chacun de ces habitats et de ces points d’accès correspond un appareillage propre de prélèvement    : 

Dans le cas d’un cours d’eau de surface → utilisation d’une sonde/pompe type Bou-Rouch (figure A)

Dans le cas des nappes   souterraines → utilisation d’un filet de type Cvetkov (figure B)

Dans le cas des sources et des rivières souterraines → utilisation d’un filet à main comme piège filtrant (figure C)

Le projet a pu réaliser sa phase opérationnelle de prélèvement   de terrain de juillet 2013 à décembre 2015.

Pour connaître les résultats -> lien vers l’article tout public
Et pour plus de détails -> lien vers l’article expert/scolaire

Le rapport complet de l’étude est consultable sur le site des archives ouvertes  : Rapport final de l’étude (https://hal.archives-ouvertes.fr/ha…)

Endémique → Se dit des espèces vivantes propres à un territoire bien délimité. (Larousse)

Stygo-faune → toute faune qui vit dans les eaux souterraines. […] Les organismes qui la composent sont qualifiés de stygobies. (Aquaportail.com)

Hyporhéique → La zone hyporhéique se situe en dessous et à côté du lit d’un ruisseau d’eau douce, où il y a mélange des eaux souterraines profondes et des eaux de surface. (Aquaportail.com)

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